La pratique du vélo urbain explose ces dernières années, portée par un engouement pour la mobilité douce et la multiplication des aménagements cyclables. Cette dynamique s’accompagne pourtant d’une réalité plus sombre : le vol de vélos. Avec près de 400 000 vélos volés chaque année en France (source : Ministère de l’Intérieur, chiffres 2022), le phénomène touche tous les cyclistes, du vélo de loisirs à celui du vélotaf.
Un chiffre interpelle : selon une enquête de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB), moins de 2 % des vélos volés sont restitués à leur propriétaire. Ce taux s’explique en grande partie par le manque d’identification des vélos et la difficulté, pour la police, de relier un vélo retrouvé à son détenteur légitime.
Plusieurs technologies et méthodes permettent aujourd’hui d’apposer une identité unique à chaque vélo. Chacune possède ses atouts, ses inconvénients et parfois ses obligations légales.
Apparu dans les années 1990, le gravage consiste à inscrire définitivement un numéro unique sur le cadre, à l’aide d’un outil à graver ou d’une étiquette métallique inviolable. Ce marquage résiste à l’usure et au vol, car toute tentative d’effacement endommage le vélo et réduit sa valeur de revente. En France, l’association Paravol et l’opération “Vélo Gravage” en sont les principaux acteurs.
Mis en place par la FUB en 2004, le Bicycode s’est imposé comme référentiel national. Il attribue un numéro unique à 10 caractères, gravé ou apposé par étiquette inviolable, et enregistré dans une base de données en ligne consultable gratuitement. Depuis le 1er janvier 2021, tous les vélos neufs vendus par des professionnels doivent obligatoirement être marqués Bicycode.
Plus récents, les marquages par QR code permettent d’accéder instantanément à un espace en ligne : fiche technique du vélo, contact du propriétaire, signalement de vol, etc. Certaines start-ups françaises proposent des étiquettes résistantes à coller sur n’importe quel cadre.
Un vélo marqué Bicycode ou gravé a statistiquement deux à trois fois moins de risques d’être volé (source : FUB, étude 2022). Les voleurs privilégient en effet les modèles non identifiables, plus faciles à écouler sur le marché de l’occasion. De nombreux acteurs du marché de l’occasion (Leboncoin, Troc Vélo, etc.) incitent désormais les vendeurs à renseigner le numéro Bicycode, filtrant ainsi les vélos potentiellement volés.
En cas de vol, le marquage et l’enregistrement dans une base permettent d’identifier le propriétaire avec certitude. Selon la Police Nationale, près de 95 % des vélos restitués le sont à leur propriétaire identifiable grâce à leur numéro de marquage (source : Place Beauvau, 2022). Ce n’est donc pas un gadget, mais un véritable moyen d’augmenter ses chances de retrouver sa monture… Parfois même des années après le vol.
Certaines compagnies d’assurance exigent désormais le marquage pour accorder une couverture contre le vol ou proposent des déductions sur la prime annuelle. Par exemple, MAIF, Qover ou Allianz incluent le marquage Bicycode comme critère de souscription depuis 2021. Un vélo non identifié peut être refusé lors d’une demande d’indemnisation ou engager un délai d’enquête.
Les plateformes de vente demandent de plus en plus souvent un justificatif d’identification, empêchant la revente de vélos volés. En recoupant un numéro de marquage croisé avec une base accessible, un acheteur peut s’assurer de la provenance licite du vélo. Selon Le Repaire des Motards, le trafic de vélos volés en ligne a chuté de près de 30 % sur certaines plateformes depuis la généralisation de Bicycode.
En France, la loi d’orientation des mobilités (LOM), entrée en vigueur en 2021, impose aux vendeurs professionnels d’assurer le marquage de tous les vélos neufs et d’occasion remis sur le marché. Cette obligation s’étend aux vélos électriques, draisiennes et vélos cargo. Le consommateur reçoit une attestation, à conserver précieusement.
De nombreux cyclistes ayant retrouvé leur vélo témoignent du rôle décisif du marquage. Émilie, vélotafeuse à Lyon, s’était fait voler son VTC sur un quai bondé lors d’un marché. Trois mois plus tard, elle est contactée par la police municipale : le vélo, retrouvé lors d’une saisie, portait son numéro Bicycode. Sans ce numéro, impossible d’établir une preuve de propriété.
À Paris, la mairie a mis en place depuis 2022 des ateliers de marquage gratuits, permettant d’atteindre 60 000 vélos marqués en deux ans. Les retours sont élogieux : files d’attente, inscriptions records… Autant de signes d’une prise de conscience collective.
Un autre chiffre clé : le nombre de vélos restitués à Paris a doublé depuis la généralisation du marquage obligatoire (source : Ville de Paris, 2023).
Bon à savoir : plusieurs métropoles (Paris, Lyon, Strasbourg...) organisent régulièrement des opérations gratuites de marquage ou proposent des tarifs préférentiels via des subventions. Surveillez les agendas cyclistes locaux !
Au-delà de la simple protection individuelle, l’identification des vélos s’inscrit dans une démarche collective : celle d'une communauté cycliste responsable. Multiplier les vélos identifiés, c’est réduire le marché du recel, renforcer la confiance entre usagers et améliorer l’efficacité des forces de l’ordre. Le succès du Bicycode en France et la dynamique des QR codes numériques dessinent les contours d’un écosystème où chaque vélo a une identité, traçable, respectée, reconnue. Un petit geste, aux conséquences majeures pour la lutte contre le vol et pour l’avenir du vélo urbain.