La fixation des étriers de freins est un détail technique souvent négligé dans l’univers urbain, éclipsé par les choix de cadres, de motorisations ou d’accessoires. Pourtant, elle conditionne la compatibilité avec vos futurs upgrades, la facilité d’entretien et parfois le comportement du freinage lui-même. Deux normes s’imposent aujourd’hui sur le marché : IS (International Standard) et Post Mount, des appellations que l’on rencontre sur la plupart des cadres urbains dès que l’on sort du vélo pur loisir. Savoir les distinguer permet d’éviter des incompatibilités coûteuses ou des choix limitants, surtout alors que le marché du vélo urbain continue sa croissance rapide (dans l’hexagone, +12% de vélos vendus en 2022 par rapport à l’année précédente selon l’Union Sport & Cycle).
Adopté massivement au début des années 2000, l’IS est un standard principalement caractérisé par un positionnement de montage parallèle au plan du disque, avec deux vis espacées de 51 mm. C’est historique : Trek, Cannondale, Specialized, et d’autres poids lourds ont basculé sur ce standard sur leurs VTT et vélos de ville, car il facilitait la compatibilité cross-marques à une époque où chaque constructeur y allait de sa norme.
Actuellement, l’IS tend à disparaître du haut de gamme ou des modèles récents, mais on le retrouve encore sur d’anciens vélos urbains, les singlespeeds modernes ou certains VAE d’entrée de gamme. C’est la norme la plus répandue sur des vélos de +10 ans.
Introduit par RockShox en 1999 puis largement adopté, le Post Mount a été développé initialement pour répondre aux besoins des VTT, mais a conquis le monde urbain par la suite. Le principe est différent : les vis de fixation, espacées de 74 mm, sont perpendiculaires au plan du disque, donc elles attaquent le cadre ou la fourche “par le haut”, d’où le nom “Post”.
Ce standard est aujourd’hui dominant sur la majorité des vélos à freins à disque urbains et gravel. Il simplifie l’ajustement, le changement d’étrier, et propose plus de flexibilité pour des disques plus grands, adaptés aux besoins des vélos électriques toujours plus puissants – on a vu certains VAE urbains adopter des disques de 180 voire 203 mm, un diamètre jusqu’ici réservé à la montagne (source : Shimano TechDocs).
| Critère | IS (International Standard) | Post Mount |
|---|---|---|
| Entrée sur le marché | 1997 (Shimano, Hayes, Magura...) | 1999 (RockShox, puis généralisation) |
| Espacement des vis | 51 mm (parallèle au disque) | 74 mm (perpendiculaire au disque) |
| Utilisation typique | VTT, vélos urbains 1997-2012, VAE entrée de gamme | VTT, Gravel, urbain moderne, VAE, route disque |
| Adaptateur requis | Toujours | Parfois (dès qu’on sort du 160 mm devant/140 mm derrière) |
| Réglages d’alignement | Moins précis | Plus simple, plus tolérant |
| Compatibilité future | Limitée ; tend à disparaître | Généralisée ; compatible avec nouveautés |
Adapter un étrier Post Mount sur une patte IS est possible et souvent pratiqué sur des montages mixtes. Il existe plusieurs modèles d’adaptateurs à double conversion (IS vers PM), mais pas l’inverse de façon fiable. Sur certains VAE, le passage au PM permet d’augmenter le diamètre du disque pour répondre à une demande de freinage accrue sur des vélos parfois limités à 25 km/h réglementaires, mais conçus pour freiner nettement plus lourdement en usage réel. Shimano comme Sram commercialisent des adaptateurs codés pour éviter toute confusion : PM/PM (mount sur mount), IS/PM (IS bracket to PM caliper), etc. Il est crucial d’utiliser la bonne hauteur et la bonne orientation, sous peine d’endommager le filetage ou d’avoir un alignement incorrect.
Les VAE et speed pedelecs urbains plongent dans la tendance PM pour une raison simple : les puissances extrêmes du moteur requièrent d’énormes capacités de freinage. Noter par exemple, sur des modèles comme le Riese & Müller Charger4 ou le Specialized Turbo Vado, l’usage systématique de disques de 180 mm minimum, directement montés sur du Post Mount, souvent avec des étriers quatre pistons. Ceci améliore la surface de contact, la puissance et la résistance à la chauffe, qualités essentielles en traffic dense.
Le marché et l’innovation semblent avoir tranché : la tendance va massivement vers les fixations Post Mount pour des raisons de facilité, de sécurité et de polyvalence. Néanmoins, l’IS conserve ses avantages en restauration, en marché secondaire, ou pour ceux qui cherchent à donner une nouvelle vie à des cadres patrimoniaux de haute qualité.
Face à une mobilité urbaine toujours plus diversifiée et électrifiée, s’orienter sur du Post Mount garantit un accès simplifié à toutes les nouveautés à venir : freins quatre pistons, disques surdimensionnés, technologies connectées. Reste qu’un cycliste averti saura apprécier l’intérêt des deux standards, au gré de ses besoins et de l’évolution du parc roulant.
Sources principales : Shimano, UNION Sport & Cycle, Bike Europe, Park Tool, Bulletins municipaux Paris, Techdocs SRAM.