Antivol pliable ou antivol chaîne : la meilleure protection vélo pour la ville ?

Pourquoi l’antivol est devenu crucial en ville

Le vol de vélo atteint des sommets inquiétants depuis quelques années. En France, selon le ministère de l’Intérieur, plus de 400 000 vélos sont volés chaque année (source : Observatoire du vélo). Mais la subtilité du phénomène se situe surtout en zone urbaine : Paris, Bordeaux, Lyon, Strasbourg ou Nantes concentrent l’écrasante majorité des vols. L’équipement de sécurité est devenu un réflexe, mais reste encore trop souvent négligé — parfois faute d’informations claires sur les solutions.

Face à cette menace, deux familles d’antivols s’imposent dans le quotidien urbain : l’antivol pliable et l’antivol chaîne. Leur popularité tient à leur promesse de protection, mais laquelle de ces deux catégories offre réellement le meilleur compromis sécurité/praticité pour l’usage en ville ?

Antivol pliable : conception innovante et compromis mobile

L’antivol pliable s’est démocratisé dans les années 2010, notamment grâce aux modèles Abus Bordo qui ont ouvert le marché. Il se compose de barres métalliques articulées, reliées par des rivets, formant une structure qui se déplie tel un mètre de menuisier. Ce système se plie autour du cadre et d’un point fixe, et se range facilement dans un support fixé au porte-bidon ou au cadre.

  • Poids moyen : 1 à 1,5 kg pour des modèles sécurisés
  • Longueur déployée : entre 80 cm et 140 cm selon les versions
  • Épaisseur des lames : de 5 à 6 mm, voire 7 mm pour des modèles “X-Plus”

La grande force de ces modèles est leur compacité : un verrouillage solide, mais qui reste facile à transporter, même sur les cadres les moins compatibles avec un U classique.

Résistance réelle : que disent les tests ?

Les principaux organismes de certification — Sold Secure, ART, FUB — classent la majorité des antivols pliables “fortement sécurisés” pour un usage quotidien. Néanmoins, lors des tests indépendants réalisés par Radfahren.de ou BikeRadar, il apparaît que la résistance aux attaques à la pince hydraulique et à la disqueuse est réelle mais limitée. Comptez entre 2 et 4 minutes face à un outil motorisé (source : tests Radfahren.de 2023 sur Abus Bordo 6500 et Kryptonite Evolution 790). C'est une performance honorable, d’autant que la majorité des vols en ville se font en une à deux minutes, généralement à l’aide de pinces manuelles.

Le principal reproche ? Les points d’articulation à chaud : en visant le rivet, une disqueuse accélère le découpage par rapport à une anse de U pleine ou un maillon de chaîne massif. Ce type d’attaque reste toutefois rare, car elle demande temps, bruit et visibilité.

  • Avantages : légèreté, compacité, rapidité d’installation et de rangement
  • Limites : vulnérabilité relative à la disqueuse sur les articulations

Antivol chaîne : robustesse classique et personnalisation

L’antivol chaîne, l’un des doyens de la protection vélo, se compose de véritables maillons en acier spécial, souvent trempé, recouverts d’une gaine textile. Le principe : multiplier la masse, complexifier la coupe et limiter les angles d’attaque pour les outils conventionnels.

  • Poids moyen : 1,8 à 3,5 kg selon longueur et diamètre des maillons
  • Diamètre des maillons : souvent de 8 à 12 mm pour les modèles haut de gamme
  • Longueur : entre 85 cm et 120 cm, voire plus pour certains modèles destinés aux scooters ou motos

Certaines références célèbres — Kryptonite New York Fahgettaboudit, Abus Granit CityChain, Onguard Mastiff — sont saluées pour leur résistance extrême, attestée par Sold Secure “Gold” et ART4. La chaîne permet d’attacher le vélo à presque tous les mobiliers urbains — poteaux, grilles larges, ou supports volumineux — ce qui limite les risques de déplacement ou soulèvement du vélo par les voleurs.

Résistance en conditions réelles

Les tests menés par le portail bicyclette.info et AV-Test révèlent que seules les grosses disqueuses professionnelles et coupe-boulons de plus de 75 cm de bras parviennent à sectionner les modèles au-dessus de 10 mm d’épaisseur. Avec des outils classiques, il faut compter plus de 5 minutes d’effort — bien au-dessus du seuil où la majorité des voleurs abandonnent leur tentative (source : AV-Test 2022). Les chaînes à maillons hexagonaux complexes résistent mieux à la torsion que les modèles à maillons circulaires, et leur poids décourage la portabilité pour les voleurs à l’opportunité.

  • Avantages : résistance mécanique supérieure, adaptabilité à divers mobiliers
  • Limites : poids conséquent, encombrement lors du transport

Antivol pliable vs antivol chaîne : comparatif des points-clés

  • Portabilité :
    • L’antivol pliable prend ici l’avantage, avec son rangement facile et son support dédié. Sur un vélo de ville léger ou pour les cyclistes qui alternent vélo et transports en commun, le pliable évite le boulet de 2 à 3 kg à la ceinture ou dans le sac à dos.
    • La chaîne, même de haute sécurité, pèse vite lourd et gêne parfois le pédalage ou le rangement. Beaucoup la réservent alors au stationnement longue durée.
  • Sécurité brute contre le vol :
    • Pour un stationnement de plusieurs heures dans une zone à risque (gare, campus, quartier central), la chaîne épaisse, certifiée Sold Secure Gold ou ART3/4, offre généralement un niveau de résistance supérieure. En conditions “pro” (attaque disqueuse 18V, coupe-boulon industriel), elle tient plus longtemps grâce à l’épaisseur, la dureté de l’acier et l’absence d’articulation “faible”.
    • L’antivol pliable reste convenable pour les stationnements courts à moyens en ville passante : le niveau de dissuasion est élevé, la coupe n’est pas triviale, et les modèles haut de gamme sont quasiment à égalité avec certains U standards.
  • Facilité d’usage :
    • L’antivol pliable gagne en rapidité d’accroche et de rangement.
    • La chaîne demande plus de manipulations, un peu de gymnastique pour la passer sur le cadre et l’objet fixe, surtout s’il y a peu d’espace au sol.
  • Polyvalence :
    • La chaîne permet presque toutes les configurations d’attache (cadre + roue + mobilier lourd), même sur des vélos atypiques (cargo, longtail, etc.).
    • Le pliable est pénalisé par sa longueur, parfois insuffisante pour certains points d’attache très larges.
  • Prix :
    • Les antivols pliables “haut de gamme” coûtent de 70 à 120 euros, parfois plus.
    • Les chaînes de niveau équivalent varient de 60 à 130 euros selon la marque et la longueur (prix relevés chez Alltricks, Probikeshop, 2024).

Quelques chiffres marquants et anecdotes issues du terrain

  • La Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) note que 85% des vélos volés n’étaient pas attachés à un point fixe, ou l’étaient avec un câble basique. Les câbles sont systématiquement exclus ici : chaîne et pliable apportent, en comparaison, un vrai saut qualitatif.
  • Selon un rapport du Groupement des Assureurs Français, les vols les plus rapides (moins de 60 secondes) sont majoritairement commis avec des outils de coupe simples, qui résistent difficilement aux deux systèmes… sauf si leur épaisseur descend sous 7 mm.
  • La police de Londres (Metropolitan Police) recommande expressément aux cyclistes de combiner deux antivols différents (ex : chaîne + pliable ou U + pliable) pour maximiser la dissuasion. Ce cumul multiplie par trois la durée d’intervention nécessaire, selon les études citées par Cycling Weekly en 2022.
  • Le site allemand Stiftung Warentest signale dans ses tests annuels que sur 30 modèles testés (pliables et chaînes confondus), seuls 8 modèles dépassent les 4 minutes face à une disqueuse — et tous sont des chaînes de plus de 10 mm ou des pliables haut de gamme de type Abus Bordo Granit X-Plus.

Conseils de choix selon les profils et contextes urbains

Le choix entre antivol pliable ou chaîne dépend essentiellement du mode d’usage du vélo, du contexte urbain et du type de voleurs rencontrés dans les grandes villes :

  • Pour les trajets quotidiens, stationnements courts à moyens (moins de 2 heures), en ville animée :
    • L’antivol pliable haut de gamme est idéal : léger, dissuasif, rapide à déployer, il réduit la tentation pour les voleurs opportunistes.
  • Pour les stationnements longue durée ou de nuit, ou lors d’événements (gare, concert, campus) :
    • Une chaîne solide, à gros maillons (10-12 mm) s’impose, même au prix d’un portage plus complexe. Elle mettra plus longtemps à être vaincue, et découragera les voleurs “profils professionnels”.
  • Pour les vélos électriques (e-bike, speed-pedelec), plus ciblés par les voleurs organisés :
    • Prioriser les modèles testés “Sold Secure Gold” dans les deux catégories, et combiner si possible deux systèmes différents (ex : pliable + U ou chaîne + câble de roue).

Dans tous les cas, il reste judicieux de compléter par :

  • L’enregistrement du vélo (FNUCI, Bicycode, etc.)
  • Une fixation à un point fixe (mobilier scellé, arceau solidement implanté)
  • L’attache du cadre et, si possible, d’au moins une roue

Perspectives : innovations et sécurité urbaine

Les fabricants rivalisent d’inventivité : nouveaux alliages anticoupe, systèmes d’alarme intégrés (Abus Bordo Alarm 6000A), capteurs antivol connectés, ou intégration de traceurs GPS dans la gaine de l’antivol. Les prochaines années pourraient voir apparaître des antivols “hybrides”, combinant la flexibilité de la chaîne à l’ingénierie des systèmes pliables et à la connectique des objets intelligents.

L’essentiel reste de choisir un antivol adapté à ses besoins, certifié, et surtout de prendre au sérieux la sécurisation du stationnement urbain : la combinaison variété, dissuasion et qualité demeure la meilleure parade contre le vol, en attendant que les villes se dotent massivement de parkings sécurisés pour vélos.